dimanche 11 novembre 2007

Potirons ronds ronds, petit patapon

Emmanuel, 23 cloches

Ventripatouilleur de bouffe
Mirlitant des luttes agraires

Etudiant désurbanisé


Il était une bergère et ron et ron petit patapon, il était un bergère qui gardait ses potirons ron ron, qui gardait ses potirons ron ron.

Par un matin d’un obscur printemps, je m’adonnais à un rituel quotidien, prendre la ligne 8 du métro, entre les stations Invalides et Créteil-Université. La 8 était comme d’habitude courbe, longue et lente, et ses usagers ternes et vaguement réveillés. La journée se présentait radieuse et pétulante.

Mr J-P Gaillard, allait encore nous causer – il cause, il cause, c’est tout ce qu’il sait faire – du développement économique des territoires (en gros quelles sont les aides possibles et inimaginables pour faire pousser votre PMI/PME selon un périmètre de ZUP/ZEP/ZIP/ZAP, ABCDEFGH, entre autres, selon la région où vous souhaitez vous installer, et selon les réglementations de la concurrence de Bruxelles (apparemment pas Ma belle comme dans la chanson d’un belge trop peu connu) et j’allais probablement très mal manger au CROUS ce midi-là. Vous n’imaginez pas ce que l’on sert aux étudiants dans ces coinstos bizarres.

C’est alors, enchanté par la merveilleuse journée qu’une idée vint me turluter l’esprit, se déroulant à mes pieds telle un tapis pourpre et caca d’oie. Moi qui était si bien ce matin là, si heureux, si passionné, si fervent. Voilà, que j’étais atteint par un mal bien dangereux et critiqué, voire critique, celui de la pensée subversive. Brrrrr, j’en ai encore des frissons, mais maintenant j’assume.

Papillonnant depuis quelques années dans un certain milieu gauchiste souvent incertain, aussi rationnel que mon frère n’est pas un dictateur, j’allais de déception en dérision. Le prochain Lélisky (Trois grands humanistes ont vu leur nom découpé et réassemblé pour former ce joli pastiche. Sauras-tu les retrouver ?) ne sera pas pour demain, ni après demain d’ailleurs. Merdre de flutre ! Tant pis et tant mieux, ne serait-ce que pour les lendemains qui chantent. La prochaine fois, ptêtre qu’on leur demandera, aux lendemains, s’ils aiment chanter.

J’enfourchais alors mon calepin et commençait à définir les statuts de ce qui allait être la structure d’une grande aventure. Premier statut, l’association n’a pas de structure. Ce n’est pas une organisation, elle désorganise. Ahahah, voilà qui va plaire aux camarades communisto-archanarchico-libertarien. Rhhaaaa mais non, crotte de flutre, la préf’ acceptera jamais.

Bref, le sujet semble être bien introduit, passons aux choses sérieuses. Décrivons un peu ces statuts qui expliciteront certainement de quoi il en retourne (NDLR : une censure a été effectuée pour ne pas choquer les plus jeunes d’entre nous).

  • Article 1

Il est formé entre les ploucs suivants :

Radis Jalidey
Asperge Kurt-sur-Pat
Chou-Rave
Aubergine Farcie
Piment Relou
Patat'Chôde
Carotte sous vide
Maïs transgénique
Courgette déshydratée

et les personnes (im)morales ou (au) physique (agréable),
qui adhéreront aux présents statuts,
une association régie par la loi du 1er juillet 1901, dénommée :
Potirons ronds ronds petit patapon et puis s’en vont

  • Article 2

Potirons ronds ronds petit patapon et puis s’en vont
a pour objet :
De lutter contre la tristesse social-traitresse,
qui est l'arme des bourreaucrates aliénants le peuple.
En émancipant nos camarades de la tristesse caparaçonnée
dans laquelle ils sont plongés,
nous pensons pouvoir leur redonner les moyens de lutter
avec nous, ou non.
Seule la lutte compte, sauf pendant les soldes et les vacances.

  • Article 2 bis

Potirons ronds ronds petit patapon et puis s’en vont
est une association ludico-comique (et pourquoi pas politique)
agitée entre le trop sérieux
et le pas assez de la lutte – gréco-romaine –
de revendication des droits,
des droites, des courbes et des repères orthonormés.

Elle aspire à attirer en premier lieu des improductifs,
de préférence pas contents, voire même mécontents.
Mais comme dans son (bon) fond judéo-chrétien,
elle est très tolérante et ouverte,
elle admettra en son sein oecuménique (un 90 D),
tous les « 100 » possibles et imaginables, existant déjà
ou futures victimes du déo-capitalisme bio-urtiquant :
soit pour le moment, tous types de précaires,
chômeurs, sans-papiers, sans-logis,
mendiants, potirons crétins,
étudiants en lettres et sciences sociales,
fonctionnaires en voie d’extinction,
et toutes autres espèces d'animaux de ce genre-là,
ministres et sénateurs séniles inclus !
On remarque déjà les ambitions des fondateurs...

L'association se réclame première héritière des potirons –
des tapines en bourge, des radis noirs, de l’ail,
des doryphores, du mildiou, de Léon Trotsky… –
sont les seuls légumes qui nous semblent dignes d’intérêt,
pour leur beauté, leur grâce et leur innocence radicale.

Pour faire plus sérieux et pour se situer
dans un champ politique sans pesticides,
nous réclamons une affiliation
avec la plupart des communistes libertaires
tant que ceux-ci ne sont pas animés par une rigidité des zygomatiques d'orthodoxie marxiste tels que
Auguste Betterave, Isodore Melon, Stéphanie Maïs,
Emmanuel Courgette, Joël Basilic, Cécilia‘Nanas.

  • Article 3

Le siège social de l’association peut être transféré
sur vote de la poêlée générale
à la majorité des doigts de pied levés, légumes y compris.
Ce type de vote sera comme nous le verrons
dans les articles suivants, le vote de référence
et démontre de notre croyance dans le vote,
comme meilleur indicateur de la bonne santé d’une démocratie.

  • Article 4

La durée de l’association est fixée à 37, 5 annuités
de misère potagère.
Un temps de cotisation déjà bien trop long.

  • Article 5

L’association se compose de :
Membres fondateurs : ce sont « les meilleurs
– légumes – d’entre nous ».
Leur beauté, leur intelligence et leur modestie
ne sont plus à démontrer,
tout comme leur narcissisme.

-Membres actifs : Ce sont les « 100 » (im)moraux
ou (aux) physiques (agréables)
qui constitueront le lisier
de cette grande fumisterie associative.

-Membres de déshonneurs : sont considérés comme tels,
les personnes correspondant à l’article 7 et 7 bis.
Ils disposent d’un privilège remarquable,
l’exemption de cotisation jusqu’à la fin du monde
selon une certaine tradition dans la politique française.

  • Article 6

L'association vise à toujours rester minoritaire.
Elle pourra ainsi se plaindre plus aisément de l'oppression
qu'exercent à son encontre les majorités de toutes sortes.

  • Article 6 bis

Pour éviter l’adhésion de trostko-bayrousantristes,
pratiquant un entrisme haricomaniaque,
l’association structure son système d’adhésion
par un vote à l’unanimité au doigt de pied levé
des membres de l’association réunis à la poêlée générale.
Tous nouvel adhérant sera baptisé sous les auspices
du potiron-ron-ron, d’un nom de légume.

  • Article 6 ter

Ceci exclut bien entendu les membres fondateurs
du vote défini dans l’article 6 bis.
Pour éviter tout paradoxe spatio-temporel,
ils se seront cooptés lors de la fondation.

  • Article 7

L'association met un point d'honneur à combattre
sur tous les fronts l'humour des déo-cons-serviteurs patentés,
désignés par la poêlée générale,
sur vote à la majorité disqualifiée des doigts de pied levés.
Toutefois, ce recours ne doit pas faire l'objet d'abus prononcés.
On ne peut soumettre la poêlée
à plus de mille votes par semaine.

  • Article 7 bis

A ce titre, sont exclus à vie tous les légumes pasteurisés,
calibrés, traités, réglementés, dont Bernard Goducheau,
poireau de son état, maire de Vanves, pour avoir dit,
en 2007, à l'antenne de France Inter
dans l'émission « Services Publics » :
« Les sondages, c'est comme les mini-jupes,
ça cache l'essentiel»;
et enfin, les sarkozystes ambidextres, les flying dutchmans,
les ermites de l’île de Ré, les déçus du communisme,
du gaullisme, du mitterrandisme,
ainsi que les déçus de la déception.
Bref, toute personne pratiquant un genre d'humour
ou une lignée politique graveleuse et rétrograde
sera gravement sanctionnée par l'association.
Sanction à définir à la poêlée générale
et à approuver à la majorité disqualifiée
des doigts de pied levés.

  • Article 8

Se réclamant de l'auto(di)gestion,
l'association n'éprouve pas le besoin de (di)gérer un budget,
misant sur la générosité légendaire du bon peuple gaulois
qui s’est illustré dans la campagne de soutien
au concert de Zonni Jalidey.

  • Article 8 bis

Ce faisant, étant donné qu'elle refuse l'aliénation
par le travail organisé par le patronat déo-con-serviteur,
elle subsistera en pratiquant la pêche aux subventions étatiques et européennes
pour une agriculture durablement polluée.
Et comme nous sommes de fins gourmets
nous espérons pêcher beaucoup de loups de mer,
de turbots, de soles et de homards.
Il est temps d'en finir avec l'aliénation des crustacés
et des poissons de luxe par le patronat ombilical
et chevrotant capital-asticots-fasciste,
ennemi numéro un du potiron !
L'éducation par le goût pour les prolétaires et les précaires !
Ca s’bouffe pas, ça s'mange ! Bordel !

  • Article 9

L'association ne reculera devant aucun moyen,
allant jusqu'à promouvoir l'entartage et le détartrage –
il faut des dents blanches pour rire de la tristesse.

  • Article 9 bis

De nouveaux moyens de lutte seront promus par l’association :
à commencer par la mini-manifestation, les tracts à trou,
les enquêtes d’opinion, la production de goodies débiles
et satyriques (des tee-shirts au papier toilette),
j’en passe et des moins bonnes.

  • Article 10

L’association ses vers tuant (sévère tuant ?)
à rester dans un giron autonome,
toutes discussions partisanes devront être évitées
en son enceinte, bien que vierge.

  • Article 10 bis

Toutefois, le prosélytisme en faveur de José Bové
et des betteraves est toléré.

Précisions sur l'article 9

Créer de nouveaux moyens de lutte n’est pas chose aisé. Non pas que les anciens soient totalement démodés, quoiqu’un petit coup d’botox ne leur feraient peut-être pas de mal.

A une banale manifestation contestant l’abolition du droit au droit, nous proposons d’ajouter quelques couleurs, quelques images un peu décalées. La lutte doit s’ouvrir au plus grand nombre.

Dans le cadre de la lutte des sans-papiers, nous avions constitué cette œuvre, expérience prémonitoire de notre association :

Bonjour, je suis Fido, le chat de Kharima.
Si ma maîtresse est expulsée puisqu'elle est sans-papiers,
je serai vendu à un laboratoire qui expérimentera sur moi ses nouveaux produits de beauté.
Alors s'il vous plait, faites en sorte que je bosse pour Chanel ou Dior,
pas pour ces boîtes bas de gamme qui ne visent que les prolos.

Bonjour, je suis Flipper, le dauphin de Xing Tiao Pei.
Si mon maître est expulsé puisqu'il est sans-papiers,
je serai vendu à un resto japonais pour être servi en sushi avarié.
Alors s'il vous plait, faites en sorte que je sois au moins vendu à un grand resto français.

Bonjour, je suis Bébert, l'éléphant de Cumba.
Si ma maîtresse est expulsée puisqu'elle est sans-papiers,
je serai utilisée par l'armée comme canon à eau pour disperser ces couillons
de manifestants qui préfèrent foutre le bordel plutôt que d'aller gentiment bosser.

Alors s'il vous plait, adoptez-moi, j'arroserai vos géraniums l'été.

Oui toucher les bonnes ménagères et les vieilles mémés n’est pas chose facile, leur présenter cette lutte sous l’angle des animaux nous a semblé un mode de communication fort adapté. La preuve, nous avons reçu par la suite les salutations du club des mégères du 8ème arrondissement, nous exhortant à continuer notre de défense des animaux, quelque soit leur situation sur le territoire français. Bientôt nous lancerons une seconde série, avec à l’honneur, les produits électroménagers !

D’autres projets sont encore dans nos cartons. L’association est fraîchement née. Il faut nous laisser le temps de nous épanouir et de devenir de belles plantes. Il est tout de même prévu de développer le concept de mini-manifestations.
Celles-ci prendraient cette forme : déposer un grand nombre de parcours de manifestation à la préfecture pour s’en voir attribuer le plus possible (si une telle chose est imaginable). Sinon en obtenir au moins un, et défiler à cinq sur le boulevard attribué : du genre de République à la Nation, comme les grands, avec les CRS et les RG pour encadrer les dangereux agitateurs.

Faire un groupe d’aveugles portant sa bannière dans une manifestation classique, allant cogner ses cannes sur chaque barrage de CRS.

Mais aussi utiliser l’arête torique comme tout bon groupuscule conspirationniste et l’utiliser pour rétablir quelques grands vérités. A ce titre sont en cours de rédaction :
  • C’est le vol de briquet qui fait augmenter l’insécurité, pas les drogués !
  • L’incroyable vérité sur la disparition des dinosaures : des victimes de la crise du logement et non de la crise du Crétacé !!!
  • Le réchauffement climatique affecte la pousse des cheveux
  • Pourfendons la pire des inégalités, supprimons la naissance
  • L’émancipation masculine n’est pas l’émasculation
  • Investissez dans l’immobilier : le plan Borloo anti-atomique

5 commentaires:

Claire et son élevage préhistorique a dit…

Au moins 30 sourirs/fous-rires à la lecure de ce texte qui lutte efficacement contre la "tristesse sociale traitresse "(sympa la rime). Je vote (avec un de mes doigts de pied si j'ai bien pigé) pour la poilée et la poilade. Bravo !

vanina a dit…

Un vote de plus, je trouve l'idée très dans le vent (référence aux revendicationsssss socialessss).

Unknown a dit…

je vote pour ce projet car je trouve ça très dr^le!!!!!!!!!!!!

Unknown a dit…

je n'ai pas pu tout lire! mais mon vote revient a cet article.

comme quoi qu'une bonne conclusion ca sert toujours...

Unknown a dit…

Je vote pour la folle association et son projet de mini revolution.. C'est drôle et inventif.. Longue vie aux "Potirons ronds ronds..", bordel !